Rap ou Rape ?
En 2025, le club HeForShe PMF aborde la question des violences faites aux femmes pour la quatrième année d’affilée. Pourtant, une de ces formes de violence a toujours été négligée : le rap, ou quand les mots sont de véritables coups portés à la femme et sa dignité.
En tant qu’adolescents, nous, élèves, écoutons tous du rap. Personnellement, je culpabilise à l’idée d’écouter une musique qui va à l’encontre de mes convictions et valeurs humaines. Le rap, inconsciemment, normalise les insultes sexistes et réifient la femme. De JUL à Luidji en passant par Vegedream, des paroles comme « Visage, fesses, poitrines. On gère salopes équilatérales » ou « Elle est bonne sa mère » ne font qu’écraser la femme à son corps, laissant transparaître l’image d’un véritable objet sexuel. Ainsi, dans le rap, 90% des insultes visent les femmes. Ces mots ne sont pas anodins : ils blessent, ils banalisent, et ils entretiennent la violence. Inconsciemment, le rap socialise la jeunesse en transmettant des valeurs erronées à l’encontre des idéaux d’égalité entre les sexes.
Rythme et Poésie. Rythm and Poetry. RAP. Il est intéressant de noter que le rap s’inscrit dans une tradition littéraire qui s’étend bien au-delà du cadre musical. En effet, ce genre se présente comme une forme moderne de poésie. En vérité, la violence sexiste dans la culture populaire n’est pas née dans les années 70 dans le Bronx, à New York. Pour autant, cela ne semble n’en gêner aucun lorsque tant de poètes réduisent la femme à un objet sensuel, point de départ du désir sexuel, tant que cette expression se fait dans un vocabulaire poétique, raffiné, et élégant. Au XIXe siècle, personne ne reprochait à Baudelaire d’écrire : « La femme est naturelle, c’est-à-dire abominable. Aussi est-elle toujours vulgaire. » Rap ou poésie, cela ne change rien. Le rap, cru et franc, ne fait que mettre en lumière un phénomène séculaire : nous avons été habitués à voir les femmes se faire violenter dans les poèmes, la musique, la littérature, le cinéma, et l’espace public en général.
En cette journée de lutte contre les violences faites aux femmes, nous espérons que la communauté éducative, élèves avec le rap, adultes avec d’autres formes d’expression artistique, saura poser un regard critique sur les messages inconscients véhiculés par la culture que nous consommons quotidiennement.
Farès Bouker et Basma Chahed,
Pour le club HeForShe PMF
Attention, certains mots peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ainsi que des personnes non-averties.

